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Du manque de nourriture à la surabondance alimentaire, le monde a franchi un saut quantitatif phénoménal. Mais, le surplus de nourritures contrastant avec la prévalence des maladies telles que la malnutrition et le diabète où l’alimentation constitue le principal facteur de risque interpelle notamment les pouvoirs publics et les chercheurs. Ainsi, à travers sa fonction socialisatrice décrite en sociologie, son importance sur la santé individuelle et collective analysée en santé publique, la diversité des modèles gastronomiques documentée en anthropologie, l’essor des industries alimentaires analysé en économie, l’alimentation est bien évidemment un phénomène total. Cependant, en dépit d’une pléthore de mets et de menus réalisables, pourquoi l’alimentation à risque domine-t-elle dans les habitudes alimentaires sénégalaises ? Une analyse de contenu des menus sénégalais offre une occasion de vérifier que le répertoire alimentaire sénégalais est généralement constitué d’excès de sucré, de salé, de gras et de cuit tant aux repas quotidiens qu’occasionnels. S’y ajoute que l’imaginaire social, reproduit à travers des proverbes enchanteurs sur la grâce alimentaire, véhicule des stéréotypes de l’alimentation à risque, laquelle est décrite à la fois comme lit de tous les dangers à cause des morbidités chroniques qu’elle facilite, et comme problème sociétal tenace. À partir de verbatims populaires (dictons et proverbes) recueillis à travers des entretiens et des recettes de la cuisson sénégalaise, cette contribution analyse les ressorts socio-culturels de l’alimentation à risque en indiquant également des jalons pour renforcer la résilience collective aux morbidités alimentaires chroniques.